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Marc Toussaint
Marc Toussaint

Marc Toussaint naît le 2 juin 1914 à Candes-Saint-Martin, situé à quelques kilomètres de Chinon et de Tours. Il est le huitième enfant d'une famille qui en comptera neuf en tout. Son père est compagnon couvreur ; c'est un personnage haut en couleur, aux idées politiques bien trempées. Marc Toussaint le décrit comme une sorte de colosse, une force de la nature. Radical et profondément républicain, il est avant tout un anticlérical indécrottable qui joue ostensiblement aux boules les jours de messe. Il lègue à son fils non seulement une idée de la République, conçue comme principalement égalitaire, mais aussi l'amour du métier fait d'expériences et de savoir-faire, seules garanties d'une véritable émancipation par le travail.
L'entrée dans les rangs du compagnonnage s'impose à Marc Toussaint essentiellement pour ces raisons. La détermination du métier se fait faute de mieux, il voulait être mécanicien de locomotive ou pilote, le voilà sellier-bourrelier. En 1929, au moment où il entame son Tour de France, le compagnonnage est en effet mort ou se meurt. Incapable de se moderniser, de prendre en compte les nouveaux besoins des jeunes et les nouvelles réalités du monde du travail, il n'est guère perçu que comme le gardien du temple des métiers traditionnels (charpente, menuiserie, taille de pierre, sellerie, maréchalerie, charronnage). Perception peu contredite par les artisans rencontrés sur les routes du trimard que Marc Toussaint dépeint pour la plupart comme des personnes égoïstes et engoncées dans les traditions. En outre, dans un monde où l'artisanat de créateur tend à devenir réparateur, la formation professionnelle compagnonnique, couronnée par la confection du chef-d'œuvre, semble pour le moins ne plus répondre aux exigences du temps. C'est l'usine qui attend les compagnons des années 1930, alors que quelques années auparavant, certains d'entre eux pouvaient encore rêver d'ouvrir leur propre atelier. Le Tour de France ne se profile donc guère que comme l'un des moyens d'échapper, du moins temporairement, à cette fatalité ; et Marc Toussaint ne s'en prive pas, repoussant tant que faire ce peut cette échéance inéluctable.
Conscient de cet écueil, Marc Toussaint a voulu donner la parole à ceux qui n'en ont pas. Il a œuvré dur pour rédiger son autobiographie ; un travail de tout instant pour la maîtrise de la langue, qu'il entame en prison en 1944. Condamné pour faits de résistance, torturé à de nombreuses reprises, Marc Toussaint entend profiter de son emprisonnement pour apprendre à communiquer. La présence parmi les détenus d'un instituteur qui le fera travailler sans relâche sera pour lui un atout providentiel. Du 17 janvier au 18 août 1944, c'est Pierrette, son épouse depuis 1939, qui servira de public à ses premiers essais littéraires (poésies et correspondance).

 
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